Il rénove un avion en mémoire de son père décédé

Un avion historique, c’est un héritage paternel cher au photographe Christophe Senehi, mais la passion a un prix: 100 000 francs.

Un avion de 1946 cloué au sol depuis 2015, c’est l’héritage paternel qui taraude le photographe neuchâtelois Christophe Senehi, établi à Bôle avec un studio à Lausanne. Une rénovation de l’appareil est impérative, mais la passion a un coût: 100 000 francs, qu’il s’agit de réunir par un financement participatif.

L’aviation a fait briller ses yeux d’enfant: «La première fois que j’ai pris le train, j’étais plus étonné que mes camarades. Moi, j’étais habitué à monter dans un avion…», sourit Christophe Senehi (47 ans).

Son papa d’origine iranienne a fait carrière dans l’aéronautique, à Neuchâtel. Né en France en 1936, ce spécialiste des instruments de bord a fait d’un avion de tourisme américain commercialisé en 1946 et importé en 1957 un symbole de liberté. «Il aimait la liberté de voler», résume son fils.

North American Aviation

C’est en 1962 que Claude Senehi a acquis avec des amis un «Navion» du constructeur «North American Aviation». «Grâce à ses compétences en avionics, en mécanique et en ingénierie aéronautique, il est autorisé à entretenir son avion lui-même par les autorités fédérales de l’aviation civile», rapporte son fils, lequel a suivi une formation d’informaticien.

Passionné d’aviation, Claude Senehi a maintenu jusqu’à la fin de vie le «Navion» dans son état d’origine. Son fils a refusé de vendre un joyau chéri par son père pendant 60 ans: il a pris le relais, avec pour ambition la sauvegarde d’un avion unique en Europe. «J’ai grandi avec cet avion, c’était comme mon grand frère», glisse Christophe Senehi.

Pour honorer la mémoire de son père, Christophe a mené à son terme une formation de pilote privé en obtenant il y a trois mois sa licence de pilote. «Sa mort a été un déclic. D’un coup, j’ai compris que sans licence, je ne volerais plus», confie Christophe Senehi.

Depuis 2015, suite à la modification d’une réglementation, le «Navion» est stationné dans un hangar de l’aéroport de Colombier. Son moteur doit être remis à neuf et tous ses systèmes de vol révisés: «Adepte du développement durable, mon père ne jetait rien et réparait tout», indique Christophe, pour qui le «Navion» est à l’aviation ce que la «Ferrari 250 GTO» est à l’automobile.

Club Navion Suisse

«Cet avion de légende, héritier du fameux «P-51 Mustang» reprendra les airs. On en prendra plein les yeux, plein les oreilles!» s’est promis Christophe Senehi. Cet héritier a fondé le mois dernier l’association «Club Navion Suisse» et le site «www.Navion.ch» avec pour mission la sauvegarde d’un avion historique «ayant marqué un tournant dans l’aviation légère au XXe siècle».

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